Quand on veut intégrer au plus vite des données d'origines diverses, un des enjeux essentiels sera de maintenir une cohérence minimale.
Illustration avec les données nippones disponibles depuis une semaine sur Google Maps.
Pour parer au plus pressé (et baiser Microsoft), nos amis yankees ont signé un accord avec Zenrin, un des gros fournisseurs locaux. Jusqu'ici, ça se présente bien.
Premier problème. Votre suivi assidu tous les quatre ans des retransmissions olympiques vous laisse imaginer que, de soto-makikomi en tomoe-nage,vous êtes un authentique fils adoptif du soleil levant. Sauf que vous vous retrouvez là devant une vraie carte japonaise, ce qui bouscule vos habitudes tant du point de vue des idéogrammes que de la facture cartographique (très différente de la nôtre).
A part le fait qu'un petit symbole explicite vous indique la voie du MacDo (ou Macdo-do), vous n'êtes pas trop avancé. Et le fait que 95% des consultations risquent d'être effectuées par des locaux vous console assez peu.
Ne soyons pas durs, on dira un petit shido.
Futés que vous êtes, vous pensez vous en sortir avec le gazetteer (qui lui est vraiment mondial et vous permet d'utiliser votre bon vieil alphabet) sauf que ça commence à être la loterie.
Vous tapez Tokyo Japan et ça vous emmène droit au but.Vous dites Kawasaki Japan, ça marche toujours. Evidemment, vous dites Yamaha, ça vous emmène à la concession Yamaha de Kawasaki (véridique). Mais plus sérieusement quand vous cherchez des quartiers, voire des adresses (et on sait que les adresses au Japon, c'est sportif), il n'y a plus de japonais au numéro que vous avez demandé (oui, celle-là, si on ne l'avait pas faite ici, vous nous l'auriez reproché). Au total si vous ne connaissez pas déjà super-bien la zone recherchée, vous pouvez aller droit dans le mur.
Là, ça fait un shui.
Mais là ou ça devient carrément drôle, c'est que dans son obsession d'aller vite, Google Maps a mis en ligne des données Zenrin dessinées en se basant sur le datum Tokyo. La bascule des japonais vers WGS84 n'est intervenue qu'en 2001 mais la plupart des données proposées sont encore dans l'ancien système. Alors les petits malins yankees ont momentanément gêré le problème en appliquant une petite translation de 400 m ni vu ni connu. Sauf que les développeurs qui utilisent les API morflent et se récupèrent un vilain message d'erreur de datum. De plus, comme la correction porte sur toute la dalle, elle impacte aussi les deux Corées et une partie de la Chine (comme on dit chez Google, tout ça c'est bonnet jaune et jaune bonnet). Des exemples sur ce site flickr et pour les puristes le code source ici (en nippon ... sont-ils frippons).
On est un peu loin de l'autosatisfaction des développeurs US et on leur mettrait bien un keikoku (seul terme d'arbitrage de judo parfaitement explicite en français).
p.s. via Google Maps Mania
p.s.s. : Furyo (Merry Christmas, Mister Lawrence), qui nous a fait connaître Kitano sans le savoir il y a plus de 20 ans.