En ces temps de Kerviellite aigue, la grosse affaire économique du moment n'est pas de savoir quand la Société Générale va se faire bouffer, mais plutôt l'issue de la bataille minière entre les géants BHP Biliton, Rio Tinto Alcan et consorts. Mais ils viennent d'où ces gens ?
Petite excursion aux sources (lointaines) de leur fortune, qui en dit long sur l'avenir qu'ils nous préparent.
Dans BHP Biliton, BH veut dire Broken Hill et de fait, tels des Attila modernes, la Colline Cassée, ils ne l'ont pas vraiment réparée. L'image Quick Bird de Broken Hill (c'est dans les New South Wales) en témoigne. Par contre ils ont mis un monument.
Mais dans BHP-Biliton, il y a aussi Biliton, qui se prononce désormais Belitung (en Indonésien) depuis que les locaux ont foutu les bataves à la mer. Jusque là, c'était une "company island" typique au milieu de la mer de Java (avec son port, sa ville, son aéroport et ses infrastructures entièrement dédiées à l'exploitation). On la voit ici sur une mosaique Landsat et les mines sont près des zones côtières ouest et est.
Rio Tinto vient également de la fusion de deux compagnies. La première (qui a donné son nom au conglomérat) a démarré en exploitant ... le Rio Tinto (près de Huelva en Espagne). Il s'agit d'une des plus anciennes mines au monde (au point que certaines mythologies ont prétendu que c'était les mines du roi Salomon).
Sur la carte extraite du vizualizador du portail espagnol, ça peut encore paraitre inoffensif. Sur l'image QuickBird, c'est déjà plus impressionnant.
Le deuxième morceau originel de Rio Tinto, c'est une compagnie australienne, The Consolidated Zinc Corporation, qui a démarré en 1905 en exploitant le zinc délaissé par ... Broken Hill.
L'an dernier, ils ont fusionné avec Alcan, issu d'une longue histoire canadienne qu'on peut remonter jusqu'ici à Shawinigan au Québec : lieu de la première production canadienne d'aluminium par électrolyse en 1901.
Alors bien sur, l'histoire ne serait pas complète sans remonter à Pechiney (ça nous emmènerait à Salindres dans le Gard), mais si on a bien compris les commentaires de la presse économique, Pechiney n'est plus nulle part ...
p.s. : Sixteen Tons, chanson de mineur écrite par Georges Davis qu'on retrouve sur l'album When Kentucky Had No Mining Men (paru sur Folkways en 1967 ; FA 2343). Elle a été reprise sous une forme légèrement différente par des chanteurs country de Merle Travis à Johnny Cash et même par ... l'Animal lui-même. Et elle est même rentrée récemment dans la campagne des présidentielles.
I loaded sixteen tons, I tried to get ahead,
Got deeper and deeper in debt instead.
Well they got what I made, and they wanted some more,
And now I owe my soul at the company store.
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